ILS ONT OSE (pour notre plus grand bonheur)/EDITION SPECIALE FETE Noël favorise les hymnes sirupeux, dégoulinants de mercantilisme hystérique. Dans les milliers de chansons niaiseuses composées pour l’occasion se glissent des couplets bien ironiques, méchants, décalés. Ce sont ceux-là qui me permettent de tenir le coup. Bienvenue dans le Top 25 de PJ Investigations qui accueille Tom Waits, le Professeur Choron, Christopher Lee, James Brown, Les Charlots, Renaud, Weird Al Yankovic, Sttellla, Les Béruriers Noirs, Charlotte Parfois, Jean-Gabriel Cuénod. Qui sera le numéro 1? Suspense sous le sapin!
L’autre jeudi, en période de Noyel sans neige, je me promène en pleine rue de Lausanne. Un « Christmas is coming to town » s’insinue dans mes tympans, déjouant le léger acouphène de mon oreille droite. Les rythmes sortent d’une série de haut-parleurs posés en hauteur sur les lampadaires qui éclairent les pavés du Petit-Chêne. Les couplets sentent le sapin de l’originalité. Mes oreilles sont enterrées sous des rengaines qui, comme la pleine lune, le fœhn, devraient être considérées comme des circonstances atténuantes en cas de meurtre. Pour calmer ma haine naissante, j’ai fouiné de longues heures sur la toile. Voici, dans un choix subjectif assumé jusqu’à la moindre note, MES chants/clips de Noyel qui permettent de tenir le coup le 25 décembre. Un classement qui démarre sur les chapeaux de roue.
Numéro 25
Avant d’émettre le moindre son approchant un titre de Noël, chaque chanteur devrait passer l’épreuve suivante. Cela « freinerait » les envies. Le cadeau de Noël, pour BMW, c’est le risque de se faire interdire en Corée du Sud, avec Nissan et Porshe « en raison d’irrégularités dans les informations fournies concernant les niveaux d’émissions de ces voitures. » Paix sur Terre aux pollueurs de bonne volonté (une info pour désamorcer l’effet pub de ce clip…).
Numéro 24
On commence avec du soft sur un « J’aime pas Noël » qui remonterait à décembre 2011 et qui a été commis par les jeunots (de l’époque) Cyprien & PV Nova. Cyprien – 27 balais – cumule dans les 10 millions d’abonnés sur sa chaîne YouTube. Ce qui donne un impact certain à ce message qui réunit toutes les générations. L’abomination de cette période honnie ne connaît pas les frontières de la carte d’identité. Spéciale dédicace avec l’expression « Pute à franges » (à 1 minute 07 secondes) qui réjouira une certaine dame.
Numéro 23
Soyons plus gore, avec Sufjan Stevens, artiste américain qui joue de plusieurs instruments. Voici dix ans, il a sorti un triple album autour de Noël, pour tenter de mieux « apprécier » la fête. A vous de voir, avec ce clip, si la greffe a pris. Le doute a le droit de vous habiter.
Numéro 22
Il est temps de se mettre aux paroles françaises avec une surprise dans mes recherches, celle du Professeur Choron (oui, celui d’Hara-Kiri) associé à Charly Oleg (oui, celui de « Tournez manège! ») dans ce Noël Tohu-Bohu (1994).
Numéro 21
Cette version-là, je l’ai entendue pour la première fois dans la séquence « Les arrangeurs dérangés » au sein de l’émission « Des Papous dans la Tête », au milieu des années 80. Sur Facebook, lorsque certains internautes ressentent quelques réactions épidermiques devant les drogués de la crèche, c’est un morceau qu’ils brandissent souvent sur leurs murs. Attention, les Sex Pistols dégainent « Jingles Bells »!
Numéro 20
De « Jingle Bells », passons à « Jingle Hell »! Et pas par n’importe qui, Sir Christopher – Dracula/Saroumane – Lee. Oui, il chante, en 2013, avec conviction et avec un organe bien sacré. Une chanson absente de sa discographie sur Wikipédia.
Numéro 19
The Dickies, groupe punk californien, qui n’y connaît donc pas grand chose en flocons, rend, en 1978, cette « Silent Night » plutôt bruyante. L’illustration visuelle de la chanson nous démontre que ce n’est pas durant Noël que l’on songe à sortir du nucléaire.
Numéro 18
Action Aid et sa branche (sans doute de sapin) suédoise ont confié à des chèvres le soin d’interpréter des hymnes à la gloire de Noyel. Il paraît que la bestiole attire la sympathie sur la toile et apporte surtout lait et laine (pas d’encens ou de myrrhe) aux déshérité.e.s. Les bénéfices de ce CD ont été reversés à des bonnes causes. Un échantillon? A écouter le résultat, il ne tranche pas avec notre sélection… (d’autres titres sur: https://www.huffingtonpost.fr/2015/12/12/videos-chansons-de-noel-chevres_n_8792462.html)
PS: Par la suite, l’album a été interprété en version live à la télévision suédoise avec une vraie chorale (qui a de la peine à rester sérieuse…)
Numéro 17
Aaaah, les listes de Noël… Tout un poème qui vous déclenche des crises d’hystérie chez vos gamins si la petite sœur a plus reçu que le grand frère. Cela met des épines dans la bûche, côté ambiance. Les Québécois de Simple Plan vous emballent une chanson sur le thème…
Numéro 16
Les Sales Majestés, groupe punk anarchiste, poussent un musclé coup de gueule contre ce sale capitaliste de Père Noël! Cela dépote, en bon français, avec des couplets qui claquent et désenvoutent, en 2008, l’esprit de Noël. Yeeeeesssss!!!!!!
Numéro 15
Voici une des influences revendiquées des Sales Majestés, ce sont les Bérus (ou Bérurier noir), référence directe au gras flic imaginé par San-Antonio. O bonheur, dans leur hotte, une mélodie sur la Mère Noël dont on se demande où elle est bien passée. Hein? Hein?
Numéro 14
Offrir, offrir, offrir, c’est bien beau. Savoir d’où viennent les jouets pour nos enfants, c’est plus sale. L’esprit tordu de Max Boublil, comédien et chanteur, s’est intéressé au copyright. « Made in China » or not « Made in China », telle est la question que les têtes blondes refusent de se poser.
Numéro 13
Dans ce déferlement de sarcasmes, une première pause qui laisse place à une (vraie) surprise, James Brown qui s’y colle en 1968. Dans la série « Vinyl », on apprend qu’un album de Noël marque les funérailles artistiques d’un chanteur. Cela « tombe » bien, James Brown a quitté ce monde le 25 décembre 2006.
Numéro 12
Lors d’un Noël sans neige, je me permets de doser le chaud et le froid. De l’endiablé Brown, on revient au bluesy Tom Waits, magnifique carte de Noël rédigée par une prostituée de Minneapolis. Une tranche de vie rassise pour une oubliée qui ne peut plus se tenir debout. A Noël, en taule, on ne se tape pas toujours de la dinde. Tiré de son album « Blue Valentine », sorti en septembre 1978.
Numéro 11
Les univers se répondent… Après Tom Waits, voici Shane MacGowen, des Pogues, qui ne sirotait pas que du vin chaud de Noël. Cette « Fairytale Of New York », de novembre 1987, viendrait en ligne un peu courbe (l’effet du vin chaud) d’un texte de l’écrivain Charles Bukowski. Il traite du naufrage d’un couple, qui s’est connu un 24 décembre, et qui n’a plus envie de prolonger le bail. «Noël mon cul, j’espère que ça sera notre dernier », entendrez-vous, en duo avec Kirsty MacColl. Du trash poétique qui a connu un succès certain lors de sa sortie.
Numéro 10
Vous avez envie de vous tirer une balle à Noël? N’appelez en tout cas pas « SOS Détresse Amitié » (allusion au « Père Noël est une ordure », of course). Et puis, est-ce que vous vous êtes demandés si le Père Noël était armé? The Killers, groupe de rock basé à Las Vegas, oui. Un titre publié en 2007 dont les bénéfices sont allés à la recherche contre le SIDA. Vous admirerez les pulls du clip.
Numéro 9
Dans un clip que renierait pas Tim Burton, Set it Off marque la vénération du sapin en promettant de lui mettre le feu. A lui et aux alentours. « Les voisins riches se vantent des cadeaux qu’ils reçoivent (…) je vais leur montrer à quoi ressemble la vraie misère ». Le chanteur menace de frapper avec son allumette quand tout le monde dort, de quoi vous rendre insomniaque une veillée de Noël. Merci à Set if Off, groupe né en 2008, et toujours très en verve depuis sa Floride.
Numéro 8
Sttellla (il y a bien deux « t » et trois « l »), groupe belge, sévit depuis 1978 (année qu’il me semble avoir signalée plusieurs fois dans cet article). Pourquoi Sttellla? « Parce que la bière », ont répondu les membres déjà « un million de fois ». Ce « Père Noël », titre sobre et sans faux col, figure sur leur deuxième album autoproduit, « Fuite au prochain lavabo » (1985). Grâce à lui, on sait tout des boules du Père. Vous vous attendez au pire? Vous avez raison.
Numéro 7
En théorie, Noël se passe en famille… à condition qu’elle n’ait pas été rayée de l’arbre généalogique par une bombe atomique. « Ground Zero », ce terme désigne le point central, au sol, à partir duquel on mesure le taux de radiation après une explosion. Les plus cultivés d’entre nous (soit moi et quelques-uns parmi vous) se rappellent de Weird Al Yankovic dans des pastiches plutôt réussi de Michael Jackson. Cette mélodie irradie depuis 1986.
https://youtu.be/t039p6xqutU
Numéro 6
A 6 ans – d’où ce numéro six mérité aux portes du Top 5 – voici la première chanson de Noël apprise par votre dévoué chroniqueur. J’ai pu la chanter, par cœur, devant mes parents et, je crois, Albertine, ma grand-père maternelle, plus à cheval sur les traditions, et qui a peu apprécié le passage. Ce qui m’a grandement encouragé pour la suite. Les Charlots, cette rubrique vous l’a évoquée sur http://www.pjinvestigation.ch/?p=7553. Séquence rattrapage au cas où.
Numéro 5
Explorant la discothèque familiale, j’ai pu très vite découvrir cette seconde perle, datée de 1964, époque où Pierre Perret maniait le crade argot pour la puissante jouissance de nos esgourdes. « Noël avant terme », de l’antisocial qui ne perd jamais sans sang froid grâce à la rigolade.
Numéro 4
A une époque où Renaud ne séchait pas les établissements munis d’une licence IV (d’où sa place prévisible), il nous rédigeait des bijoux comme ce fort connu « Père Noël Noir » dont je n’arrive pas à me lasser depuis 1981. A mettre en parallèle avec ce fait « d’hiver » daté du 6 décembre 2016: http://www.lci.fr/international/etats-unis-un-pere-noel-noir-provoque-une-deferlante-raciste-2016093.html
Numéro 3
J’aime Charlotte parfois que je me souviens d’avoir interviewé lors dans ma dernière année active à Canal 9 (2006). Le groupe valaisan « OVNI dans le paysage de la chanson française » y prenait d’emblée ses premières marques. Ce clip, joyeusement « sinistrosé » a été mis en ligne sur YouTube le 26 novembre 2008. Ce qui le daterait tel un carbone 14 numérique.
Numéro 2
Que rajouter sur Jean-Gabriel Cuénod, diacre de Chastavel (VD)? Que cet homme incarne les vraies valeurs suisses dans ce monde qui part en capilotade (terme qui vous obligera à en chercher la signification dans un dictionnaire de votre choix)? Que sa bonne parole se répande dans nos campagnes, nos cités, dominées par notre drapeau camaïeux? Soyez béni, Jean-Gabriel, soyez canonisé, que notre Helvétie sache vous décorer comme vous le méritez!
Numéro 1
Eric Idle -pour les gosses décérébrés et gavés aux préceptes de Cyril Hanouna – reste un membre des Monty Python… dont l’intégralité encore vivante a survécu aux razzias mortuaires des célébrités 2016. Touchons du bois de cercueil, il nous reste deux semaines avant que cette phrase ne devienne une certitude. Eric Idle résume en cette seule chanson ce que vingt-cinq autres vous ont dit précédemment.
Joël Cerutti