CULTE… MAIS VRAIMENT!   Massacré par la critique, boudé par le public, «The Big Lebowski» fait aujourd’hui l’objet d’un culte mondial. PJI vous propose de le redécouvrir le 24 octobre 2015 sur grand écran. Fêtes, symposiums, boutiques spécialisées, bar, religion (!) tout est bon pour célébrer le Dude, «héros» du film. Un livre encyclopédique nous détaille ces coulisses.

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Cela commence par un gars qui pisse sur un tapis et se termine par un bide presque aussi prononcé que celui du Dude. Avant que la vénération des fans n’érige «The Big Lebowski» au rang d’œuvre culte. Une étiquette maintes fois galvaudée mais ici plus que méritée ! On se sert une première rasade de White Russian et on recommence.

«Roi de la défonce»

Le Dude («Le Duc» en VF) habite un pavillon minable à Los Angeles. Grosse Feignasse devant l’Eternel, il passe son temps à fumer des joints, jouer au bowling, boire des cocktails White Russians. Cela occupe une vie.

Puis, voilà que des hommes de main le confondent avec quelqu’un d’autre, lui plongent la tête dans la cuvette de ses chiottes et pissent sur son tapis.

Pourquoi le nom de Lebowski ? Parce qu’un grand dadais dans le quartier de leur enfance le portait.

Ainsi démarre «The Big Lebowski», réalisation des frères Cohen (Ethan et Joel), un OVNI parmi d’autres étranges soucoupes qui balisent leur filmographie.

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Pourquoi le nom de Lebowski ? Parce qu’un grand dadais dans le quartier de leur enfance le portait. Pourquoi le surnom de «Dude» ? Bêtement parce qu’il existe pour de vrai: Jeff Dowd de son authentique patronyme. Ce producteur de cinéma s’est autoproclamé «le roi de la défonce», il a pratiqué le baseball en Californie où on l’a baptisé «Dude» suite à ses performances sur le terrain. Accessoirement, dans les années septante, Dowd a passé six mois en taule pour «outrage à magistrat» après avoir incité le bon peuple à se révolter contre la Guerre au Vietnam. Pourquoi un tapis ? Les frères Cohen se sont retrouvés un soir à la table de Peter Exline, dit «Oncle Pete», qui n’a cessé de s’extasier sur les charmes de son faux tapis persan «qui harmonisait la pièce». Cela leur a donné des idées.

Echec en salles

Durant la production de «Barton Fink», ils pondent les 119 pages du script «The Big Lebowski». Son tournage commence le 27 juillet 1997 pour s’achever 11 semaines plus tard avec un jour d’avance sur le planning. Pas moins de 95 scènes sont ainsi en boîte. Le dernier jour, l’équipe rachète des objets utilisés durant les prises de vue.

Les producteurs de «Big Lebowski » ne se ruinent pas, injectant un budget de 15 millions de dollars.

Le décorateur Chris Spellman repart chez lui avec les deux tapis mythiques du Dude. Jeff Bridges emporte à la maison des coiffes surmontées de quilles, portées par des danseuses lors d’une chorégraphie.

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Les producteurs de «Big Lebowski » ne se ruinent pas, injectant un budget de 15 millions de dollars. Ce qui arrange les Cohen qui gardent ainsi la maîtrise totale de leur bébé sans tomber sous la coupe de grands studios. «The Big Lebowski », après une présentation au Festival de Berlin (février 1998) se ramasse méchamment en salles. Exploité dès le 6 mars 1998, il tient à l’affiche six semaines, avec des recettes de 17 millions, il couvre tout juste ses frais. Plusieurs journalistes spécialisés utilisent le terme «d’insulte» au sujet d’une réalisation dont ils ne comprennent pas grand chose.

Tout et n’importe quoi

«The Big Lebowski» renaît de ses cendres dès octobre 2002. Deux fans – Will Russel et Scott Shuffitt – se mettent en tête d’organiser, à Louisville, «Le premier festival annuel du tout et n’importe quoi… Lebowski». Ils pensent être les seuls participants ? Quelques 150 autres adeptes déboulent. La seconde édition de cette Lebowski Fest place la barre à 1200 frappés. Ces Achievers – nom officiel des ravagés de «Big Lebowski» – viennent de 35 Etats américains. La mécanique délirante tourne depuis à plein régime.

En 2006, un symposium de deux jours a examiné «The Big Lebowski» sous toutes ses coutures et entournures.

Les Lebowski Fest se déplacent dans une quinzaine de villes aux Etats-Unis avant de se dérouler en Grande-Bretagne ou à Paris. On y monte des tournois de bowling, on s’y déguise comme les personnages voire des scènes de « The Big Lebowski ».

https://lebowskifest.com/

Sur New-York, une boutique ne vend que des produits dérivés du film (le «Little Lebowski Shop» – https://www.littlelebowskishop.com/). Des centaines d’articles analysent tous les détails glissés par les Cohen dans leurs intrigues. Que ce soit sur la marque des sous-vêtements du Dude (Munsingwear), les origines du White Russian (première référence le 21 novembre 1965) ou le pull (toujours) du Dude aux motifs Cowichan de Colombie, il y a de quoi gloser. En 2006, un symposium de deux jours a examiné «The Big Lebowski» sous toutes ses coutures et entournures. Un bar, à Berlin, a mis «Lebowski» sur son enseigne et sert des boissons avec des glaçons en forme d’orteil (autre allusion au scénario…). https://www.likealocalguide.com/berlin/lebowski

«Notre Dude»

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La dimension hautement spirituelle du Dude ne vous a sans doute pas échappé. D’où la naissance du Dudeisme, une religion qui revendique dans les 150 000 prêtres. Ils récitent le «Notre Dude» dont la base s’appuie sur des répliques tirées du film…

Nous sommes génétiquement faits pour «nous la couler douce »

Quels buts poursuit le Dudeisme ? «Il tente de raviver une tradition qui remonte à l’aube de la civilisation, un rejet humaniste de la civilisation elle-même, ou au moins de ses pires excès. Il va sans dire que la civilisation est un mode de vie tout-à-fait contre-nature pour les êtres humains : nous sommes génétiquement faits pour «nous la couler douce» et cueillir les fruits dans la savane africaine, pas vivre dans les villes et nous tuer au travail. » Des propos du Dudely Lama, le rév. Olivier Benjamin cités dans l’ouvrage «The Big Lebowski » sorti en mars 2015 dans sa version française (Editions Huginn & Muninn).

http://dudeism.com/

Sa rédactrice, Jenny M. Jones, nous innocule l’envie de revoir, séance tenante, l’objet de sa passion inaltérable. Mine de renseignements et d’études – dont une sur les injures proférées et les expressions sexuelles de l’œuvre – son livre possède 217 pages des plus denses.

TBig-Lebowski-de-Jenny-M.-Jones

Joël Cerutti

PS : «The Big Lebowski», en partenariat avec PJI, revient sur grand écran le 24 octobre 2015 au Cinéma du Bourg, Sierre (VS). Avec quelques animations en bonus…

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