AUTO ÉJECTION Dis donc, dis donc… Plaquer un job d’enfer, à 57 ans, pour « écrire une nouvelle page de sa vie », il faut oser ! On souhaite qu’il a prévu une roue de secours, Didier Burkhalter. Sinon, le futur ex Conseiller fédéral face à un conseiller ORP, il dirait quoi ?
On a tous envie d’écrire de « nouvelle page dans sa vie » comme l’a annoncé hier Didier, Burkhalter futur ancien Sage pour justifier sa démission abrupte. Il a décidé que voilà, trop, c’était trop et que point barre là ça commençait à lui galoper sur le haricot et qu’il tirait sa révérence : Conseiller fédéral No More.
J’applaudis.
D’autres, pour des questions de pépettes, d’hormones du pouvoir, de gloriole internationale auraient dit : « Je n’ai plus trop le mojo mais pour le capital retraite, les honneurs, je pousse le bouchon jusqu’au bout et tant pis si on voit que je m’emmerde. » Lui, pas. Des qui envoient balader la Force des Honneurs, tu en as beaucoup dans ton carnet d’adresses ? Pas des masses, je pense. Perso, je te l’écris brut et net, j’ai toujours approché le Pouvoir avec des masses de défiance. Chef, ça rend con. Cela te dévie de ta personnalité, de tes idéaux. Tu dois trancher entre tes valeurs et celles que t’imposent tes fonctions. Cela pue. Tu deviens ton propre cadavre. Tu t’embaumes dans tes compromis. Cela ne te rend pas net de la vie. Si c’est le cas de Didier, respect, il tire sa révérence parce que voilà : « Je suis venu te dire que je m’en vais, comme le dit si bien Verlaine au vent mauvais ».
À ce stade de mes réflexions trop naïves, je pose un trio d’observations plus cyniques.
Un : Didier n’en peut plus du fardeau des responsabilités et il s’éjecte sans plan B. Le vent l’emportera vers des aventures sans gouvernail, alizés ou embruns. Geste magnifique que je contrebalancerai par les deux autres hypothèses.
Deux : il existe un plan B. Récemment, en Valais, un directeur des services industriels a collé sa démission, jurant, crachant, que non, il ne savait rien de son futur si incertain et qu’il se montrait ouvert à des nouvelles expériences. Sans savoir lesquelles. « Je n’ai pris aucun autre engagement à ce jour, je me laisse le temps de la réflexion », rapportait Le Nouvelliste.
En un clin d’œil de quelques semaines, avec une célérité qui l’a étonné lui-même, il a été admis au Conseil d’Administration de la Banque Cantonale du Valais. Ne doute point que lui-même en personne ignorait qu’il était pressenti pour accéder à un tel poste. « Oh-quelle-suprise-vous avez-pensé-à-moi-je-ne-m’y-attendais-pas-j’en-pleure-d’émotion… »
Pareil pour Jean-Michel Cina, ex-Conseiller d’Etat PDC valaisan, qui a su préparer son glissement progressif vers d’autres puissantes fonctions. Shazam, miracle et bonheur, notre PDC décroche la présidence de la SSR puis celle des Forces Motrices Valaisannes. Où je veux en venir ? L’ami Didier pourrait avoir reçu des appels du pied. Sous peu, il empruntera un sentier bien plus rentable et moins stressant que ses fonctions actuelles.
Trois : La dernière option, plus grave, voudrait que la faculté médicale lui ait détecté quelques symptômes. Pudique, Didier se retire, argumentant dans sa caboche que cela ne regarde que son organisme et sa famille. Ce en quoi il n’a pas tort.
Didier espère disparaître des radars médiatiques dès le 31 octobre 2017. Garde un œil sur son cursus futur. Parce que, par malheur, si notre Conseiller fédéral devait se présenter devant un Conseiller ORP, il subira des pénalités. Au moins trois ou quatre mois sans un centime du chômage. C’est la règle quand on colle sa démission ! Mais ça, c’est une autre réalité.
Joël Cerutti
PS: le dernier paragraphe est ironique, un Conseiller fédéral à la retraite, même voulue, touche assez pour ne pas être dans la panade! J’ai appris hier, lors de mon passage à Rouge FM, que le second degré mérite d’être signalé!!!!!!!