RAILLONS   La nullité du débat présidentiel d’hier soir – où j’ai tenu trois minutes devant – attire un traitement « journalistique » du même niveau. La preuve lors de mon voyage ferroviaire du jour…

Dans le train régional, l’info domine les passagers. Un écran, relié à 24 heures News, diffuse des nouvelles sibyllines. Une photo, deux-trois phrases. Un cliché de Blonde Réac et ces mots : « La Toile est intraitable avec Marine Le Pen ». Le même cliché de la Cruche Survoltée et la suite : « La stratégie de la candidate du FN n’a pas convaincu les internautes qui lui reprochent d’avoir tiré le débat télévisé vers le bas. » Pas à chipoutailler, on tient du dur, là… Lors d’une interview avec Guy Bedos, un journaliste avait commencé sa phrase par un « On ». « On dit que… » Avant même le point d’interrogation, l’humoriste avait rembarré le plumitif. « Cela veut dire quoi « On » ? C’est qui « On » ? Pour moi, « On », ça rime avec con. » Ambiance…

La Toile, les internautes, ça traduit quoi ? Combien de personnes ? Une poignée ? Des dizaines ? Des milliers ? Des millions ? Des milliards ? Des données statistiques par des sources recoupées donnent un pourcentage précis ? C’est vague, « La Toile », c’est flou « Les internautes », c’est consistant comme un Casper anémique. Cela rime à rien…

Du coup, le Quatrième Pouvoir se sert d’un Cinquième, celui des réseaux, pour conforter une tendance qui s’éloigne plutôt d’une info solide. Quelles conséquences derrière cet agacement ? Cela pourrait-il signifier que, du moment que La Toile boude et juge, Marine a perdu des plumes, des bulletins, la possibilité de triompher au second tour ? Elle vote, La Toile ? Si sa célérité à mettre des émiticônes était en phase avec sa propension à se rendre aux urnes, Le Pen serait restée au seuil du second tour. J’aurais tendance à penser qu’à part les commentaires qui mettent à mal syntaxe, orthographe – voire même la phonétique – La Toile française ne se mobilise guère en dehors de son clavier. Accordons un iota de tolérance au pôv journaliste de 24 News qui trie les dépêches. Les sondages ne départagent pas les deux clampins hystériques d’hier soir. Là, comme il voit en chaque Facebookien un fin politologue de l’Hexagone, il s’est dit que cela ferait une news. Sur un écran. Plat. Sans relief. Mais une news noyée dans le tas. Qui occupe les yeux le temps d’un trajet ferroviaire.

Quelques secondes plus tard, sur la télé du train, une tortue, toujours marine, nage dans des eaux bleues. Un texte m’indique que sa moyenne d’âge peut atteindre les 200 ans. J’ai appris un truc. Cela ne m’a pas rassuré au niveau des Marine…

Joël Cerutti

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