A QUI DE DROIT   Comment des enfants, arrachés à leurs familles, vivent-ils dans les foyers où ils ont été placés de force? Une atrocité, si l’on se base sur les témoignages de Thomas, Raphaël et Aurélien. Maltraitance, surveillance laxiste, soins inadaptés, bienvenue en enfer! Propos recueillis voici quelques jours…

Lorsqu’on retire la garde des enfants à des parents, on pourrait croire que c’est pour un mieux. Que les gosses seront dans un milieu de spécialistes qui devront prendre soin d’eux. A Genève, en ce qui concerne Thomas, Raphaël, Aurélien ou Mathieufils de Sandrine et Serge Babel-Andrieux – nous nageons en plein cauchemar.

Plusieurs fois, PJI est revenu sur ce dossier qui suscite soit le mutisme soit l’agacement des autorités genevoises (cf. http://www.pjinvestigation.ch/?p=42 ou http://www.pjinvestigation.ch/?p=2106). En tout cas, la machine administrative a broyé tout ce qu’elle pouvait. Noyés par les frais de « soins » ou de justice, la famille se retrouve ruinée. Tout le monde continue néanmoins à se battre, Sabine Babel-Andrieux en tête.

PJI vous publie les documents bruts des dernières lettres dictées par les enfants à leur mère. Avec trois heures de rencontre par semaine, ils n’arrivent pas à écrire. Ou, dans le cas d’Aurélien, n’y parvient physiquement plus! Pour la première fois, ces trois enfants mettent leurs mots sur ce qu’ils vivent au quotidien. En Suisse. Au mois de mars 2015.

Extraits et documents intégraux.

 Aurélien – 11 ans

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Avant d’être, par deux fois, enlevé à sa famille, Aurélien bénéficiait d’un encadrement spécifique pour écrire. Aujourd’hui, tout cela a disparu. Il devrait avoir un clavier adapté, une aide d’école, tout cela n’existe plus dans son milieu. Aurélien régresse, l’Etat refuse de lui fournir le matériel adapté à son handicap. Les mots ne sont plus là. « Je ne sais pas ce qui s’est passé dans mon cerveau ». Par contre, il garde une mémoire vive. Il se rappelle de son frère, Mathieu, sans doute autiste léger, abruti par les médicaments, que les éducateurs ont laissé dormir sur le sol même d’une cuisine. Il garde au fer rouge, dans ses souvenirs, la pression constante des spécialistes. Et toujours cet argument « C’est la faute de tes parents »….

LA LETTRE ORIGINALE D’AURELIEN:  Aurélien page 1   Aurélien page 2

 Raphaël – 12 ans

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A 12 ans, Raphaël tient un discours de rescapé, d’une douloureuse maturité: « Mon malheur rapporte de l’argent à Genève, puisque mes parents doivent payer le placement (en gros plus de 20 000 frs par mois pour les quatre enfants – NDLR). Mes parents sont ruinés, ils n’ont même plus d’appartement ou d’adresse, ils sont SDF. »

Plus loin, dans sa lettre, Raphaël répète: « Personne ne m’écoute ». Pourtant, quand il détaille son enlèvement par les flics, en plein milieu de sa classe, on ne peut rester sourd. C’est aussi lui qui raconte comment les divers spécialistes ont voulu coller l’étiquette de « pédophile » à son père. Ce qui aurait arrangé tout le monde. Et pourquoi cela n’a pas marché...

LA LETTRE ORIGINALE DE RAPHAEL:  Raphaël page 1  Raphaël page 2

Thomas (à droite) – 13 ans

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« A ce jour, on ne sait toujours pas pourquoi on a été enlevé et pris en otage », rédige Thomas. L’aîné décrit le moment où des collaborateurs du SPMI sont entrés dans leur appartement, sans mandat, et se sont mis à fouiller dans les placards. « Mince, c’est rangé! », commente un des deux sbires. Il détaille comment Mathieu a pu tromper la « vigilance » des « spécialistes » et se retrouver au milieu d’une route. C’était pourtant un motif invoqué par les diverses instances genevoises pour le retrait de la garde des enfants. Ce Mathieu qui avait échappé à ses parents si peu attentifs.

Thomas ne mâche pas ses mots sur les dérapages qu’il observe actuellement au Foyer Sous-Balme, à Genève. « Comment des maltraitants peuvent faire un métier où on s’occupe d’enfants? », s’interroge-t-il.

Fin janvier 2014, Thomas avait témoigné face à une équipe de TF1. Un reportage qui, depuis, traîne dans les « frigos » de la chaîne. Pourquoi? « Les sujets plus complexes ne sont pas les plus faciles à faire passer. La rédaction en chef tarde à les diffuser. Or les images sont tournées en hiver donc pas passables en été. Ensuite est venue une actu très lourde. Il faudra que je revienne en Suisse pour le réactualiser. Ce sujet n’est pas une exception, cela arrive », nous répond le journaliste Pierre Baretti.

A la vitesse où disparaît la neige, pas certain que l’on suive ce reportage au 20 heures de TF1 en 2015…

LA LETTRE ORIGINALE DE THOMAS: Thomas page 1  Thomas page 2  Thomas page 3  Thomas page 4

Joël Cerutti

3 réponses

  1. A travers le témoignage des enfants c’est bien la terrible affaire des internés administratifs qui resurgit. Ces enfants disent la vérité, ils expriment leur ressenti : celui de victimes des exactions de l’Etat. Ils remettent en cause par leur vécu l’idée véhiculée d’un Etat qui veut le bonheur de ses concitoyens, puisque ce même Etat martyrise les plus faibles d’entre eux tout en ayant l’hypocrisie d’organiser une table ronde pour les victimes devenues adultes.

    Il serait tout à fait incompréhensibles qu’après un tel témoignage les autorités ne cherchent pas à sauver les meubles en sanctionnant lourdement les responsables de ce scandale qui prend un tour international.

  2. Les Scandales au sein de la protection de l’enfance restent sous silence,
    Le scandale de placement un phénomène qui Touche 34000 enfants placés par Ans, et portant ça se passe inaperçu e France,
    50% des placements d’enfants et abusif pourraient être évités
    Le Conseil de l’Europe s’inquiète « les services sociaux placent des enfants de manière inconsidérée »

    Les Scandales au sein de la protection de l’enfance reste sous silence, plus grave encore, rien n’est fait pour y remédier et améliorer les méthodes des travailleurs sociaux, et « les associations entreprises » dissimulé derrière la bannière de la protection de l’enfants en récoltent des gros bénéfices chiffrés a des milliards d’euros par an,
    le conseil de l’Europe commence à s’intéresser de près aux placements abusives d’enfants de manière inconsidérée et d’ailleurs une alerte avait été lancé par la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme CNCDH en 2013, ainsi que par l’IGAS l’Inspection Général des Affaire Social en en 2001, 2007 et 2012, donc 50% des placements d’enfants pourraient être évités ; ressources : comité CEDIF publier le 03 09 2015 : (https://comitecedif.wordpress.com/category/interpellations/ ),
    Les signalements vengeurs, des enquêtes bafouées et orienté de mauvaise foi, pour aboutir aux placements d’enfants qui rapporte GROS, des professionnels en grand nombre qui savent mais se taisent,
    (Monsieur Philippe SEGUIN avait dénoncé dans son rapport de la Cour des Comptes, la chasse à l’enfant des Services Sociaux en 2009)
    LES CONSEQUENCES du PLACEMENT ABUSIF :
    Une étude ressemant faite par l’INSEE, indique clairement un lien entre le placement d’un enfant en famille ou foyer d’accueil et une forte probabilité pour celui-ci, dans l’avenir, de devenir un SDF.
    Chaque année, 34000 enfants placés, 50% d’entre eux risquent de devenir SDF. Ils passeront du statut de “placés” à celui de “sans domicile fixe”
    Ce qui porte l’Inspection général des Affaire Social l’IGAS à constater que : « dans beaucoup de cas de placement, l’intervention sociale ne permet pas le retour à un équilibre personnel, à des liens familiaux épanouissants et formateurs et à une réussite scolaire ou à une insertion professionnelle durable. »
    Des DESTTINS GACHES
    Parmi les exemples cités de tels parcours, celui d’un enfant placé en maison d’enfants à l’âge de 5 ans, puis mis en famille d’accueil à 11 ans, envoyé ensuite en foyer de 13 à 14 ans. Le foyer ne lui convenant pas, il est jusqu’à ses 15 ans ballotté d’établissements en établissements pour des périodes allant de 3 jours à 3 mois, puis en centre éducatif renforcé. À 17 ans, il se retrouve incarcéré pendant 3 mois, retourne en centre éducatif fermé, est pris en charge pour des soins psychiatriques !!! (Alor : un enfant normale de 5ans, modelé en visiteur des pénitenciers, et fin un malade mental),

    CONSTAT
    Un taux de placement au plus haut
    Selon la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme (CNCDH), en 2013, pas moins de 273 000 enfants en France sont l’objet de mesures de protection mises en place par les services dit de « la protection de l’enfance », parmi eux 143 000 sont placés hors du cercle familial. Le taux de placement en France ne cesse d’augmenter, il n’a jamais été plus élevé toutes époques confondues et est sans commune mesure avec les autres pays européens.
    Ainsi l’arrachement d’enfants à leur famille est devenu en France un véritable phénomène de société.
    LES CAS de PLACEMENTS ABUSIFS
    Les services sociaux de la « protection de l’enfance » entendent se prévaloir d’une légitimité par volonté affichée de prévenir les maltraitances. Pourtant la chronique judiciaire s’est faite l’écho de très nombreux cas dans lesquels les services sociaux sont restés sans réaction et dans l’impunité alors que des enfants mourraient de privations de soin et de maltraitances.
    A contrario, les scandales peu médiatisés autour de placements d’office, montrent aussi que les services sociaux peuvent devenir l’instrument du malheur des enfants, à coups d’interventions maladroites et quelquefois mal intentionnées.
    D’ailleurs, ainsi que le reconnaît Monsieur Pierre Naves, Inspecteur Général des Affaires Sociales (l’IGAS), la moitié des placements décidés ne se justifient pas.
    Merci A Mme La Présidente de l’association VIOLETTE JUTICE,
    Ressources : comité CEDIF publié le 03 09 2015 : (https://comitecedif.wordpress.com/category/interpellations)

  3. Je suis maman, je suis médecin, on m’a arrachée ma fille également … J’ai honte…. de la Suisse, de certains collègues médecins, de la médicalisation abusives des enfants ( et des adultes aussi ) , du fait qu’on ne leur laisse aucune chance.
    Mais j’ai de l’espoir aussi… Merci pour cet article

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