MIC MAC AUX PARCMETRES Narcisse Praz a généreusement distribué 25000 jetons colorés pour payer les parcmètres à Genève. La « justice » veut mater le rebelle quitte à occulter des arrêtés du Tribunal fédéral et mettre aux oubliettes la Constitution. En théorie, l’Etat n’a pas le droit de réaliser des bénéfices sur ces places de parc. Mais en théorie seulement…
Mais enfin, mes arguments, me direz-vous? J’avais tout de même des arguments? Certes, certes. D’abord j’argue de l’interdit qui est fait à l’Etat, de par la Constitution fédérale, de tirer bénéfice de l’implantation des parcmètres. Balayée, mon argumentation: le parcmètre est équitable, décide-t-on contre toute équité. Alors, je brandis un constat de l’huissier judiciaire, Me. Naville, établissant clairement que dans la zone allant de la gare au lac et de la Placette à la rue de Monthoux, il existe 950 parcmètres pour… 411 places gratuites, d’ailleurs toutes frappées de limitation de durée de stationnement.
Ni respectueux ni respectable
Devant n’importe quel Tribunal qui se respecte, je devais gagner ce procès-là. Rien qu’avec cet argument. Rien qu’avec ce document. Eh bien, non, Madame Carol Barbey, votre tribunal, ce jour-là, ne s’est montré ni respectueux de la loi, ni respectable.
Sur je moment j’ai ri jaune. Jaune – plastic. Puis j’ai ri noir. Noir – jeton.
J’ai été condamné à 2500 francs d’amende, après que le Tribunal eût hésité devant une condamnation de prison avec sursis. Trop de bonté de votre part, Madame la Présidente! Mais on a sans doute reconnu ma bonne foi de Don Quichotte, puisqu’en définitive l’Etat — l’ennemi, toujours l’ennemi ! — est largement perdant dans l’aventure: 23’500 jetons à 20 centimes, cela représente bien le double des 2’500 francs d’amende infligée? Non? Où prenez-vous vos dons de comptables, Mesdames et Messieurs de la Justice ? Aujourd’hui, j’en rigole.
Sur je moment j’ai ri jaune. Jaune – plastic. Puis j’ai ri noir. Noir – jeton. C’est le jour où mon hurluberloi d’avocat et néanmoins copain vint m’annoncer qu’il avait laissé s’écouler les délais pour faire recours contre le jugement ! Salaud! Dis, hé, Dan! Tu étais complice de l’Etat? Je me pose sérieusement la question.
Véritable racket étatisé
Bref, l’affaire des parcmètres se termine là. En queue de poisson. De poisson d’avril. Et moi qui avais organisé tout ce branle-bas pour amener enfin Sire Parcmètre devant la Justice! En avais-je rêvé, du jour où l’on devrait arracher quelques centaines de parcmètres dans la zone de la gare où il était désormais établi qu’ils étaient en surnombre (450 de trop !) et constituaient ainsi un véritable racket de l’Etat – ennemi de l’homme! – en avais-je donc rêvé! Dan, tu es un lâcheur. Et peut-être un lâche.
C’était mal me connaître que de penser que j’allais rengainer mes arguments. Je décidai donc de repartir à zéro.
Oui, mais voilà… Oui, mais voilà. A quelque chose malheur se doit d’être bon. Sinon, à quoi serviraient les proverbes? Je décide de tirer parti de cet échec. On dit: cuisant? Ah ça, pour cuire, il cuisait. C’était mal me connaître que de penser que j’allais rengainer mes arguments. Je décidai donc de repartir à zéro.
Amendes volontaires
Et la véritable affaire des parcmètres commença, délivrée cette fois de l’hypothèque des 25’000 jetons de vingt centimes et de celle du vieux con susceptible (pourquoi un contractuel s’offense-t-il lorsqu’on le traite de vieux con? ce n’est, de toute façon, pas une injure, mais une constatation !).
Et voici la véritable affaire des parcmètres.
– Je me laisse volontairement (pas difficile, allez!) infliger quelques amendes de stationnement dans la même zone des parcmètres: gare-lac-Placette-Monthoux où il y a 950 parcmètres recensés par huissier judiciaire contre 411 places de parc gratuites et frappées de limitation de temps.
– Je fais opposition aux amendes quand elles me sont présentées, ce qui m’amènera d’office devant le Tribunal de Police où je pourrai recommencer la sérénade.
J’ai lu le jugement qui dit ce qu’il convient à propos du nombre de parcmètres tolérables ! Je n’ai pas la berlue ! Je l’ai lu, lu, lu et relu et re-relu !
– J’exige, pour le jour du jugement, la présence des responsables des finances du Département intéressé, afin qu’ils déballent enfin publiquement les comptes des parcmètres, histoire de faire la preuve absolue que I’Etat et la ville de Genève font chaque année plusieurs millions de francs de bénéfice sur les parcmètres (qui sont amortis depuis belle lurette, allez !). Cela saute aux yeux. Mon triomphe est certain, sinon devant ce Tribunal à la solde de l’Etat, du moins devant le Tribunal Fédéral dont j’ai lu les Arrêtés de mes yeux, lu ! Je les ai lus, nom de Dieu ! Je ne suis pas fou, nom de Dieu !
J’ai lu que l’Etat n’a pas le droit de faire de bénéfice sur les parcmètres. J’ai lu le jugement qui dit ce qu’il convient à propos du nombre de parcmètres tolérables ! Je n’ai pas la berlue ! Je l’ai lu, lu, lu et relu et re-relu !
Eh bien, peuple abruti, voici ce que l’on fait de ta si belle Constitution dans les Tribunaux de ton si beau pays si démocratique et si exemplaire ! Edifiant. Tu vas voir:
(à suivre…)