GROSSE BOURDE Dans « Les Hurluberlois », Narcisse Praz nous a raconté comment il s’est retrouvé emprisonné en Valais puis à Genève. Et ce pour une très bête erreur administrative. Evidemment, la « justice » ne va pas l’assumer. La suite!
Et après ?
Et après, me direz-vous ? So what ? Une nuit en prison, ce n’est pas bien grave.
Ah ? Vous trouvez ?
Pour vous, subir l’humiliation d’une arrestation, d’un transfert en wagon cellulaire, des menottes, des sourires joyeusement revanchards de la maréchaussée qui n’en peut plus de joie d’avoir enfin réussi à mettre en cage, ce serait-ce que pour quelques heures, l’homme au fameux procès aux 320’000 francs de dommages-intérêts réclamées par les flics genevois et valaisans associés, pour vous, ce n’est rien ?
Et votre instinct de liberté?
Pour moi, c’est intolérable. Il y a sûrement là quelque lacune de la nature. De votre côté. Etes-vous bien certains d’être nés avec tout votre instinct de liberté ?
Combien en reste-t-il ? Toi et moi.
Si vous mangez au râtelier de l’Etat, éliminez-vous d’emblée. Si vous mangez aux râteliers patronaux, éliminez-vous d’emblée. Si votre pseudo-indépendance vous contraint à ramper devant le client-roi, éliminez-vous d’emblée. Combien en reste-t-il ? Toi et moi.
« Légère erreur »
Donc, moi, je refuse d’accepter cette «légère erreur ». Je refuse de baster. Avant même d’avoir été jugé pour le «crime» qui m’est reproché (détournement de biens séquestrés par l’Office des Poursuites pour le compte de la Caisse de Compensation, alors que la société en question est dissoute e que ses actifs ont été repris par une autre société, ensemble avec la dette en question !), j’écris au Conseil Supérieur de la Magistrature à Genève pour dénoncer la «légère erreur» qui m’a valu d’avaler la Trinitrine pendant deux heures dans un wagon sans ventilation et sans appel au secours possible.
Que croyez-vous qu’il arriva ?
Un magistrat ne saurait être tenu pour responsable des erreurs qu’il commet dans l’exercice de sa charge
Le Conseil Supérieur de la Magistrature me répondit textuellement ceci : « …un magistrat ne saurait être tenu pour responsable des erreurs qu’il commet dans l’exercice de sa charge ».
Là, je vous invite à lire, relire et méditer «Un magistrat ne saurait être tenu pour responsable des erreurs qu’il commet dans l’exercice de sa charge». Puisqu’il faut vous la chanter deux fois…
Lettre classée
Je m’empare de ma mitrailleuse et j’écris aussi sec : « Messieurs, je prends note avec panique et une saine jubilation tout à la fois qu’un magistrat ne saurait être tenu pour responsable des erreurs qu’il commet dans l’exercice de sa charge. J’en déduis, tout naturellement et logiquement, que le jour où l’un d’entre vous commet l’erreur, dans l’exercice de sa charge, de réintroduire la peine capitale à Genève et fait exécuter sans jugement, banale erreur, un prévenu, il ne saurait lui en être tenu rigueur. Il n’a jamais commis qu’une erreur dans l’exercice de sa charge. » .
Je les imagine lisant cette lettre. L’ont-ils lue, au demeurant ? Classée d’office par un greffier bien stylé.
Le greffier ? J’y viens précisément.
(à suivre)