ILS ONT OSE (pour notre plus grand bonheur) Avec le groupe Odeurs, cela sent bon la déconne, le délire, la grosse farce potache assumée. Cet OVNI musical français a duré cinq ans, le temps de quatre albums et deux labels. On vous propose aujourd’hui « Je m’aime », parce que le clip mérite le détour de vos pupilles et que Coluche adorait cette chanson au point de l’interpréter durant ses spectacles.
Jusqu’au bout – à savoir 1984 – le groupe reste fidèle à sa devise: « Odeurs, à deux doigts du culte, frôle le bon goût sans jamais y sombrer ». Car cette bande de barges commet une série de titres inclassables, écumant tous les styles musicaux car elle s’y connaît en la matière. Dans les studios Ramsès – fondés par Ramon Pipin, pseudo d’Alain Ranval – défilent une volée de talents. Du genre Manu Katché, Didier Lockwood, Sapho, Jean-Michel Kadjan, Amaury Blanchard voire le comédien Roland Giraud (crédité pour son cri de cochon dans « La viande de porc »). Ajoutez d’autres allumés qui s’octroient des pseudos évocateurs comme Costric 1er, Carlos A Moelle, Gepetto Ben Glabros, Aime Potage, Tequila Mentholé née « Pétard », Etha Sœur, Nono De La Motte, Clarabelle Cockenpotz, etc…
Rappelons que le groupe naît en 1979 – sur les cendres d’Au Bonheur Des Dames – et que l’état d’esprit, pour les Helvètes qui nous lisent, se situe dans la mouvance du Beau Lac de Bâle.
Au menu des ces graves dans les basses et les aigus: ne pas se prendre au sérieux.
Au menu des ces graves dans les basses et les aigus: ne pas se prendre au sérieux. Comme le rappelle Ramon Pipin.. «Je n’ai d’autre idée au départ que de me marrer. Costric, qui a déjà écrit des textes pour Au Bonheur Des Dames est aussi enthousiaste que moi et paré pour de nouvelles aventures. On décide donc de donner vie à nos désirs les plus inavouables, avec le soutien de quelques musiciens amis (…) Lorsque ces derniers sont de passage au studio, ça les amuse de nous prêter main-forte. La bande s’agrandit de jour en jour et les contributions se font au fil des rencontres, c’est pour cela que ça ressemble à un grand n’importe quoi. On peut passer d’une parodie de Michel Delpech « Youpi, la France !! » à une reprise des Beatles « I Want To Hold You Hand » déclamée par des officiers Allemands, d’un rock mou « Je suis mou » à une chanson façon Gainsbourg « Douce crème » sans oublier un texte nihiliste « Sex Bazooka » pour finir avec une chorale de petits enfants qui chantent des horreurs « Le Vilain petit zoziau »… Le principal dans tout cela, c’est que ça nous plaise, comme une grande farce… »
Pour cette chronique, je vous glisse un « Je m’aime », chanson extirpée de leur second 33 tours, « 1980. No Sex », sans aucun doute le plus maîtrisé et que certaines rares critiques francophones compareront à du Zappa Frank. Vous dire!
Pas un seul de ces morceaux – à part « Je m’aime » – ne pouvait être diffusé dans une radio sérieuse voici 36 ans. Aucun ne le serait dans notre époque hygiéniquement morale. Je défie n’importe quel programmateur contemporain de s’y frotter! Les deux premiers disques – casés de haute lutte chez Polydor – dénichent leur public d’adorateurs (dans les 70 000 exemplaires vendus). Les deux suivants, chez RCA, se ramassent de légères gamelles. Pour devenir culte – ben tiens ! – lorsque vieillissent leurs sillons. Odeurs aurait donné des concerts d’adieux définitifs en 2008. Pourtant on retrouve des soubresauts, sous le nom de Ramon Pipin Band Encore, en 2012.
Je m’aime
De Brantalou et Pipin
Je m’fous des autres, y’m’servent à rien
J’ai pas d’parents, j’ai pas d’copains
Pas d’poisson rouge, pas d’chat pas d’chien
Y’a que quand je suis seul que je suis bien
J’ai l’type athlétique enveloppé
C’est juste le genre de mec qui m’plait
Comment penser un seul instant
Que quelqu’un puisse m’aimer autant
REFRAIN
Je m’aime, oh oui, je m’aime
Je m’aime, oh oui, je m’aime
Avec passion avec ivresse
Dans mon regard plein de promesses
Je vois passer des paquebots
Quand on s’aime il fait toujours beau
Pour m’envoyer en l’air, j’ai un blocage
Quand j’vois tout c’qu’y’a à déplacer
J’aimerai en prendre que la moitié
Laisser le reste pour un autre voyage
Le soir, tout seul, je m’émoustille
Des heures nu devant mon miroir
Ça m’rend fou quand j’me déshabille
Que tout ça soit à moi, j’peux pas y croire.
REFRAIN
Je m’aime, oh oui, je m’aime
Je m’aime, oh que je m’aime
Avec furie et volupté
Quand j’m’aperçois que j’suis si beau
Mon œil s’allume comme un fourneau
Quand on s’aime on a toujours chaud
Je m’aime, oh, je m’aime
Que je m’aime, que je m’aime !
Ca fini par être un problème
Quand je suis seul avec moi-même
Faudrait quand même que j’me surveille
J’entends d’ja plus rien d’une oreille
Pour quelques infos en bonus:
http://www.jukeboxmag.com/images/magazines/pages/221_p12.pdf
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