DIVINEMENT DIABOLIQUE   Guy Aebischer œuvrait dans la biotechnologie. A sa retraite, il s’est reconverti via «La Pisse du Diable», une liqueur «aphrodisiaque» que l’on trouve dans les petits commerces valaisans. Dont évidemment La Potagère, à St-Pierre-de-Clages.

Des Ponts du Diable, en Valais, Guy Aebischer en a compté cinq. Par contre, sa «Pisse du Diable» se révèle unique en ses bouteilles. Ce matin, à l’entrée d’un magasin à Morgins, il interpelle avec bonhommie les clients qui passent. «Madame, monsieur, une liqueur «La Pisse du Diable»? Une petite dégustation? Comment vous la trouvez? Cela vous plaît?» Beaucoup, amusés, cèdent à cette tentation basée sur du marc, de la lie, du gingembre et d’autres ingrédients à damner vos saintes papilles.

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Cette autre dame – une skieuse – trace sa route dans le magasin en répondant : «Ah non ! La piste, je l’ai déjà faite ce matin!» «Il y a des gens, surtout des vieilles personnes, qui avouent ne pas vouloir consommer une boisson qui porte ce nom-là. La grande partie, surtout les jeunes autour de 30 ans, comprend qu’il s’agit d’humour. Il ne faut pas tout prendre au sérieux, non ?»

Guy Aebischer baptise en public et à Massongex sa liqueur dès juillet 2015. Son premier client? Le curé de Monthey! «Je lui ai tendu un verre en lui disant que c’était de son domaine ! Il a apprécié, j’ai ainsi reçu la bénédiction du clergé et les autres clients ont suivi…» Guy Aebischer sait s’y prendre.

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La vente et le contact, nul besoin de lui apprendre les règles. «Avant, je travaillais dans le commerce international. J’étais directeur commercial d’une agence américaine spécialisée dans la biotechnologie», décrit notre Gruyérien de naissance.

Puis, la retraite venue, il rejoint son épouse sur Monthey. Pas son genre de se rouler les pouces, «La Pisse du Diable» se distille petit à petit dans ses projets. Il la conçoit, la teste sur sa famille. Lors d’une tempête de cerveaux et de palais, Guy Aebischer déniche le nom de son breuvage en compagnie de ses frères. «Jamais tu n’oseras mettre «Pisse du Diable » sur tes étiquettes !», le défient-ils.

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Pari relevé et accompagné, sur le site ou dans les prospectus, d’une légende où la vessie de Satan tient un rôle majeur. Voyez-vous, les bouteilles qui recueillirent l’urine infernale, trois siècles plus tard, accouchèrent d’une liqueur «légèrement aphrodisiaque». «C’est parfait pour un coup du milieu lors d’une raclette et d’une fondue.»

Depuis l’été passé, Guy Aebischer écoule cette «Pisse du Diable» dans des petits commerces valaisans. «Je ne me vois pas apporter deux palettes dans une grande surface. C’est contraire à ma philosophie. J’aime la proximité. A Saint-Pierre-de-Clages, La Potagère a été la première à me prendre un carton avec six grandes bouteilles. La gérante, Marie-Cécile, avait été séduite uniquement par le nom !»

Au volant de sa noire voiture, Guy Aebischer accompagne sa création partout en Valais… Le soir, sa femme colle les étiquettes sur les bouteilles. «Elle m’interdit de le faire parce qu’il paraît que je ne les mets pas droit! Elle m’aide, elle apprécie aussi quand je pars pour les dégustations. Elle reste tranquille.»

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Le regard matois et la moustache entendue, Guy Aebischer ne cache pas que les «mictions» de sa liqueur pourraient avoir des petites sœurs. Il commence ses recherches. Reste à lui trouver un nom toujours infernal ou plus… angélique.

Joël Cerutti

www.la-pisse-du-diable.ch

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