PAR ICI LA SORTIE   A gauche comme à droite, en France, c’est la saignée. Les partis jadis majoritaires se retrouvent hémophiles de leurs splendeurs. Ne sois pas cynique. Compatis aux sorts et aux ego de ces ex-pros de la politique.

En ce solennel et grave lundi 12 juin 2017, toi et moi, ayons une pensée émue pour les victimes du « dégagisme » en France. Ce carnage politique, cet Armageddon à gauche comme à droite, mérite une ligne de silence. Que voici :

 

Je te suppute bouleversé(e), comme moi, face à celles et ceux qui ont servi cette Ve République française jusqu’au matin du 11 juin 2017. Hier encore, ils n’étaient pas n’importe qui. Ils comptaient dans leur maison, dans leur quartier, dans leur circonscription, dans leur département, dans leur ministère, pour leur pays. Au soir du 11 juin 2017, vers les 20 heures, le couperet de la guillotine électorale est tombé. Tranchant. Sans appel. Tu les as virés ! Tu leur as inoculé le virus du « dégagisme ». Il est fatal, le « dégagisme ». Par des voix cinglantes il rend muets celles et ceux qui jusqu’alors l’ouvraient beaucoup.

Mets-toi juste une microseconde dans leur peau, leur cervelle, à ces pros de la politique. Depuis des décennies, ils vivaient grâce à toi. Tu les crochais, à chaque fois, au wagon des voies royales. Ils pensaient qu’ils avaient la fidélité de ton bulletin en viager.

Tu les as déçus.

Ils se sentent amers ces ministres qui se sont tant investis dans la fonction publique. Pour toi, pour ton bonheur, pour ton confort de vie. Tu n’imagines pas tous leurs sacrifices personnels afin que ta France remonte sur le podium des Vraies Puissances Mondiales. L’Hexagone était devenu si exsangue de grandeur. Charles de Gaulle mesurait 1 mètre 96 centimètres. Comprends alors l’abnégation du PS, des Républicains pour remettre la France sur deux pattes alors qu’elle se traînait en cul-de-jatte de la splendeur.

Dans ces manœuvres patriotiques, j’en conviens, il y a eu quelques errances. Mais l’erreur financière peut être politique comme humaine. Jusqu’alors, tu avais su faire preuve d’indulgence, tu oubliais, tu pardonnais. Te absolvo, merde, quoi…

Jusqu’à ce cruel soir du dimanche 11 juin 2017.

Ils ont un ego, tu sais, ces parlementaires de tous poils. Leurs vies, par TA faute, bascule du « Je suis Quelqu’un » à « Je suis une Sous-Crotte dans les abysses du Néant ». Le « dégagisme », cela te prive des caméras, des micros, des plateaux, des logements, des voitures de fonction, des voyages à l’œil. Du Pouvoir… pour écourter.

Les rotules brisées comment rebondir ? Les larmes me montent aux yeux devant le sort injuste que tu leur as réservé, les rendant brutalement handicapés de cette Puissance qu’ils pensaient due. Les cils noyés de perles « zhumides », je suis en train de noyer mon clavier. Je pense qu’une nouvelle ligne de silence s’impose (le temps que j’essuie mon QWERTZ). La revoici :

 

Oh ! J’en vois qui se marrent ! Oui, toi, là, au fond ! Le rire, c’est si bon pour la santé, qu’il est contagieux. Un peu comme le « dégagisme ». Même si… Au sortir du second tour, il sera marrant de répertorier les transfuges de la gauche comme de la droite qui auront réussi à se faire élire en se ralliant au panache blanc de Macron. Ô joie, tu retrouveras bon nombre de gloires cacochymes dont tu pensais t’être débarrassé… Tu te bidonnes moins, là, hein ?!

Joël Cerutti

Commentaire de mon ami Serge Amoré, sur Facebook, qui, je le trouve, apporte des précisions réalistes à mon ironie théorique:

Excellent papier, Joël, mais rassure tes lecteurs. Toutes ces victimes du « dégagisme » ne resteront pas sans ressource. Elles continueront à toucher leurs indemnités de député pendant tout un mandat encore (5 ans pour voir venir… quand on veut réduire le temps d’indemnités de ces salauds de chômeurs pour toucher les ASSEDIC). Ensuite, c’est la retraite de député à taux plein pour 20 trimestres cotisés alors qu’il en faut 166 pour un ouvrier… Profiteurs du système?

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