PEACE AND LOUVE Poum, le loup ! Pour la énième fois, en Valais, le compte de la bestiole est réglé de façon exécutoire. On tire. Pas la peine de réfléchir. Par contre, ça pense, un braconnier, ça se justifie dans sa tête et peut-être, un jour futur, devant la police. Voici ce que pourrait être sa déposition.
« T’es d’accord, ces loups, ils font preuve d’un manque de savoir-vivre géographique. Quand t’as le culot de ne pas présenter un passeport valaisan avant de passer nos frontières, inutile de te plaindre après. Tu paies ! Chez nous, la loi du sol, on connaît. Ce ne sont pas des loups étrangers qui vont nous miter notre territoire. C’est plutôt des sacs à puces, ces charognes de bestioles. Non, mais tu vois comme elles prennent leurs aises avec nos zones de confort ? Cela se paie… par du plomb dans la cervelle. Direct. On ne discute pas. Pour leur apprendre à réfléchir avant de se repointer dans nos vallées. Il est d’un con, ce loup ! Tu as beau lui expliquer, avec des fusils, des pièges, un chasse-neige, qu’ici, c’est chez nous, il s’en tape les babines de mépris. Et que je reviens te bouffer nos bêtes qui paissent en paix. C’est tant joli de les laisser libres, ces moutons. Pratique. Tu les largues dans les alpages, et puis, en fin de saison, tu les récupères. Entre deux, tu t’occupes, tu bois des canons avec les touristes. Ben oui, ‘faut faire dans la relation publique. Ils disent assez qu’on est des ours mal léchés, on ne va pas gueuler parce qu’on fait des efforts relationnels. Le loup, il s’en branle ! Il vient, il zigouille, il croit que nos alpages, c’est du self-service, ce salaud.
Rentrer les moutons à l’étable ? Putain, c’est quoi ce quadrupède d’outre en ça pas d’ici, qui me donnerait plus de boulot et me polluerait ma vie ?! Tu rêves ou quoi ? Sous la bannière des 13 étoiles ne peut briller qu’un seul prédateur. C’est moi.
Et tu sais quoi ?
J’en ai appris de belles sur le Net.
Le loup, il trotte pas comme dans les manuels scientifiques écrits par ces pédés d’écologistes. J’ai lu qu’il parcourt 150 kilomètres en une nuit. Tu parles ! Des conneries d’etnolaugyste que je sais pas comment que ça s’écrit. J’ai un pote qui a un cousin dont le beau-frère a vu de ses yeux vus comme je te vois là maintenant. Qu’est-ce qu’il a vu ? Une voiture avec des plaques ZH, de Zurich quoi, et avec des gars qui ont ouvert le coffre arrière pour larguer le loup chez nous. Hein ? Non, il n’a pas eu le temps de noter le numéro de la plaque ! Tu penses quoi, qu’on a une mentalité de flics !? Tu crois pas, cette histoire. Ces putains de Bourbines de La Limmat, ils te capturent des loups autour de leur ville à eux et ils viennent nous lâcher ces saloperies à poils chez nous !
C’est pas nouveau, hein !?
Le père du pote qui a un cousin dont le beau-frère a vu de ses yeux vus comme je te vois le loup, il m’a garanti qu’ils ont fait pareil avec le lynx. Après, ça vient nous donner des leçons morales, la bouche en cul de poule, sur la façon que tu dois d’accepter une évolution de la Nature. Mon cul ! C’est pas une fatalité, c’est ceux de la Ville, qui connaissent rien à comment c’est chez nous, qui nous disent que le loup par-ci, le loup par là, y’a qu’à faire avec. NON ! Y’a pas de loup par-ci, par là, le loup, il va nulle part, ON LE BUTE !
On se fait assez chier à passer notre permis de chasse pour laisser à cet abruti d’animal le rôle de tueur. Il paie rien et il pourrait te zigouiller le cerf, comme ça, les griffes dans la truffe, sans qu’on gueule ?! Pan ! Et ça règle la question. D’ailleurs y’a plus de question. Si, une !
Elle allait où, la louve du Val d’Anniviers, le vendredi où je lui ai expliqué le sens de sa vie ? Moi je dis qu’elle partait rejoindre les mille, là, ceux qui étaient sur la place du Scex à Sion. Ceux qui voulaient d’un Valais de chiffes molles ouvert aux autres. Je me marre. Durant leur minute de silence, la louve, elle aurait hurlé à la mort. Cela leur aurait montré, à ces Gogols de la Plaine, que ces machins-là, ça respecte rien ! »
Joël Cerutti
Pour info: le cheptel valaisan compte grosso modo plus de 55’000 moutons (… et 30’000 bovins seulement). Entre 2012 et 2013 la diminution des moutons s’élève à 1480… pratiquement pour tous en raison de la cessation d’activité des exploitations ou de particuliers qui en vivaient au moins partiellement: à comparer au nombre de disparitions dues au(x) loup(s) pour relativiser!